Not so Super

Terre 3 : Métropolis, il y a 23 ans.

Un miracle. Il n'y a pas d'autres mots. Les yeux de l'homme aux lunettes et aux vêtements mal repassés ne peuvent détourner le regard de l'écran. La nouvelle paraît irréelle tant elle est soudaine et inattendue. Sa femme, une célèbre journaliste, tout comme lui d'ailleurs, a un degré plus local, tente de le convaincre que c'est bel et bien ce qu'il voit. « Smallville, je te présente notre futur enfant. » La jeune femme arbore un mince sourire, toute contente et émue devant son mari. Des années qu'ils cherchent à avoir cet enfant. Mais lui, l'homme venu d'une autre planète et aux capacités hors-normes, et elle, la simple humaine, avaient bien du mal à obtenir satisfaction, la faute à la constitution de son mari. Cette fois, c'est la bonne, le médecin leur a bel et bien confirmé. Ils attendent un enfant. L'homme s'empresse d'appeler sa mère dans le Kansas pour lui annoncer la bonne nouvelle, elle fond en larme, tout comme lui. Il lève légèrement les yeux au plafond, son père aussi aurait été heureux d'apprendre cette annonce...

Forteresse de Solitude, il y a 22 ans.

Il n'avait pas le choix, les médecins humains n'avaient pas le matériel nécessaire pour assurer cet accouchement, et ceux malgré les appareils technologiques qu'ils possédaient. L'homme emmena sa femme dans la grande forteresse de glace. En passant devant la statue de ses parents, terriens et kryptoniens, l'extra-terrestre se dit qu'il aurait aimé pouvoir partager tous ces moments avec eux, qu'ils voient à quel point les sacrifices qu'ils avaient consenti pour lui l'avaient amené à où il en était aujourd'hui. La femme venait de perdre les eaux, signe que le petit garçon n'allait pas tarder à pointer le bout de son nez. Il avait la pression. Et s'il n'arrivait pas à être un père comme le fermier l'avait été pour lui ? Aurait-il les capacités pour assumer ce nouveau rôle, le plus important dans sa vie ? Plus que celui de sauver des vies dans le monde entier, celui d'élever ce petit être allait devenir sont challenge ultime. Après de longues minutes de travail, sa femme poussa un soupir d'épuisement alors qu'au même moment, les cris du petit garçon retentissaient dans la forteresse. Le sourire de l'homme s'affichait immédiatement sur son visage. Un regard tendre posé sur cette petite créature innocente. « Bienvenue au monde, Conner Jon Kent. »

Smallville, 13 ans plus tard.

« Comment ça se fait que la porte de la voiture traverse le toit de la maison ?! » La question posée à travers la ferme n'avait pas échappé à l'adolescent qui se tapit dans un coin de sa chambre, le teint rouge exprimant sa honte à peine voilée. Il fallait fuir le plus vite possible pour éviter que ne s'abatte sur lui la colère de sa mère. Prenant son courage à deux mains, il ouvrit la fenêtre de sa chambre située à l'étage, l'ancienne de son père pendant son enfance, se glissa dans l'ouverture pour ensuite faire un bond qui le propulsa bien loin. Il atterrit dans un champ de maïs, et un nouveau bon le hissa en haut silo au pied duquel son bond l'avait mené. Il ne comprenait pas tout ce qui lui arrivait ces derniers temps. Pas un objet ne restait longtemps en un seul morceau lorsqu'il en prenait dans ses mains. Pas un mur ne tenait lorsqu'il avait le malheur de s'y cogner avec l'épaule ou le reste de son corps. Et alors que dire de ce moment gênant où, pendant le cours de sport, il s'est mit à voir à travers les vêtements de ses camarades de classe, allant même jusqu'à voir à travers la peau, découvrant les os, les muscles et les organes. Tout cela était trop pour lui, trop à supporter pour un adolescent de 13 ans seulement. Le temps passait longuement, quand son père le retrouva. Il lui expliqua tout, absolument tout. Pourquoi il devenait aussi différent, pourquoi son corps changeait aussi subitement. Conner espérait désormais pouvoir aider son père, pouvoir devenir comme lui, et surtout, s'il serait toujours présent pour lui en cas de besoin. Un simple sourire et une petite tape dans le dos s'en suivirent, devant un coucher de soleil des plus beaux. « Toujours, Superboy. »

Forteresse de Solitude, 4 ans plus tard.

La grande forteresse tremblait comme jamais, et en dehors, le monde courrait à sa perte. Tout comme son père avant lui, le héros à la cape rouge avait bien tenté d'alerter le reste du monde que la Terre n'allait pas tarder à imploser, que son temps était comptée, en vain. Les scientifiques ne l'avaient pas écouté, et ils en payaient le prix. Pour sa part, Conner était dévasté, d'autant qu'une invasion condamnait un peu plus la planète. De nombreux héros étaient morts. Ses amis aussi. Des amis qui, comme lui, possédaient des dons extraordinaires, qu'ils soient humains ou non d'ailleurs. Mais il ne pouvait plus compter sur personne, mis à part ses parents. L'espoir qu'ils tentaient d'insuffler à travers le monde s'éteignait peu à peu, au fur et à mesure que les vies disparaissaient. La Terre était condamnée. Pourtant, son père avait prévu quelque chose pour que lui puisse vivre. Une sorte de portail pouvant mener à une autre Terre. Mais Conner ne voulait pas partir, il voulait rester jusqu'au dernier moment avec eux. Cependant, sa mère usa d'un stratagème pour pousser son fils à partir. Conscients qu'il ne les laisserait pas faire, ses parents avaient prévu d'endormir le jeune homme pour le faire passer à travers le portail qui le mènerait Dieu sait où. Conner se réveilla quelques secondes avant de passer le tunnel, constatant avec effroi que la forteresse étaient envahie, juste à temps pour voir son père prendre sa mère inerte dans ses bras et lui jeter un dernier regard, et quelques mots qu'il entendit malgré le vacarme. « Adieu Kon-El, Adieu mon fils. »

Terre 1, Lieu inconnu.

Le garçon ne connaissait pas cet endroit. Il ne reconnaissait pas l'atmosphère de cette planète, qui lui semblait pourtant familière. La Terre ? Une planète similaire. Conner était perdu. En se relevant, il découvrit à ses pieds un sac avec quelques affaires dedans, un morceau de tissu rouge dépassant légèrement du paquetage. Il était perdu, pommé, et les dernières images qu'il avait vu étaient son père tenant sa mère morte dans ses bras. Comment faire sans eux ? Comment vivre quand ses deux modèles n'étaient plus présents pour le guider ? En fouillant dans la poche de sa veste, il eut la surprise de découvrir un pendentif, le bijou étant un objet qu'il ne connaissait que trop bien pour l'avoir vu à plusieurs reprises avec son père. Il eut à peine le temps de le regarder que plusieurs hommes tombèrent sur lui. Étrangement, il n'avait pas fait le poids. Capturé et emmené dans ce qui ressemblait à un laboratoire, Conner fut privé de ses effets personnels et enfermé dans une cellule. Que pouvait-il faire ? Rien, absolument rien. Le quotidien de ses journées était le même : réveil, tests effectués sur lui, repas, de nouveau des tests, puis emmené de force dans sa cellule pour se ''reposer''. Le même quotidien pendant plusieurs années. Et si plusieurs fois l'envie d'arrêter de résister se manifestait, les paroles de son père lui revenaient en tête, l'aidant à surmonter cette terrible épreuve. « Ne perds jamais espoirs. »

Central City, 5 ans plus tard.

Liberté. Un mot qu'il ne pensait jamais autant chérir depuis sa naissance. Libre depuis un an et une mutinerie de plusieurs méta-humains dans le laboratoire où il avait été enfermé pendant si longtemps. Libéré grâce à une journaliste qui était venue fouiner dans le coin, provoquant ainsi cette fuite. Il lui en avait été reconnaissant. Mais voilà qu'il devait s'acclimater à cette nouvelle vie, à cette nouvelle existence sur cette Terre qui n'était pas la sienne. Plus de parents, plus d'amis...un retour à la case départ en sorte. Rien ne l'avait préparé à vivre tout ça. D'autant qu'il n'avait pas pu récupérer les affaires qui lui avaient été volées lors de son arrestation. C'est donc avec la volonté de retrouver les derniers liens avec sa famille que Conner décide de repartir de l'avant, en tentant de s'installer à Central City, terre de Flash. Et l'envie de démarrer une nouvelle vie, bien différente de celle qu'il avait auparavant.